Le chateau des animaux T1 : Miss Bengalore de Félix Delep et Xavier Dorison


Editions : France loisirs, 2020, 72 pages, 15,95€
Résumé : Les hommes sont partis. Dans le château, il ne reste plu que les animaux : poules, chèvres, ânes et moutons s'épuisent à la tâche pour le prestige du Président Silvio et sa cruelle milice de chiens. La dictature et la terreur règnent... À moins que certains animaux ne décident d'entrer en résistance.
 
 
Mon avis
 
Je remercie les éditions France Loisirs pour cet envoi de dernière minute. J'ai adoré me révolter aux côtés de ces animaux. Merci de votre confiance ! 
 
Notre histoire prend place dans un château, transformé en ferme par ses propriétaires, puis abandonné. Ne restent plus que les animaux, laissés là, entre eux. Lapins, poules, chats, vaches, chiens et autres oies vivent en autarcie entre les murs de l’immense bâtisse. En autarcie, mais pas en liberté. Enfin pas tous. Les chiens sèment la terreur, leurs griffes et leurs crocs suffisent à maintenir la population du château au pas. Leur leader, l’imposant taureau Sylvio, règne en maitre. Sa seule présence insuffle la peur. Sa taille gargantuesque ne souffre aucune comparaison dans le château. Grâce à cela, il s’est tout naturellement proclamé président des lieux dès la disparition des humains.

Je trouve cette fresque criante de vérité et très bien amenée. Comment maintenir sous sa coupe des dizaines de personnes ? Par la peur. Et quoi de plus imposant et intimidant qu’un énorme taureau et une horde de chiens déchainés ? Le lecteur comprend très bien ces petits animaux qui se laissent enchainer. Comment pourrait-il en être autrement ?

Les premières pages m’ont littéralement retournée. D’autant que l’histoire commence fort avec l’exécution de la pauvre Adélaïde, qui n’a commis pour seul crime que d’avoir garder pour elle l’oeuf qu’elle a elle-même pondu. À titre d’exemple, elle est déchiquetée par plusieurs chiens sous les yeux de tous les autres animaux. Imaginez, une pauvre petite poule, attachée à un poteau, le visage tuméfié, face à une meute de chiens tous crocs et griffes dehors. Le rapport de force est bien sûr disproportionné. Mais que faire face à cela ? Cette scène donne immédiatement le ton de l’histoire. Ce n’est pas un conte pour enfants. Ça non.

On se retrouve rapidement à prier pour ces pauvres animaux que l’on prend en sympathie. J’avoue avoir eu beaucoup d’apriori au début de ma lecture. Le sujet ne m’intéressait pas plus que cela, et je n’ai jamais été une grande fan de l’antropomorphie. Mais ce premier tome m’a complètement convaincue.

Premièrement, même s’il s’agit d’animaux, il est tout à fait possible de s’identifier à ces petits êtres malmenés. Deuxièmement, il est intéressant de voir que celle qui va mettre le feu aux poudres est une vieille oie et celle qui va agir dans l’ombre est une jeune chatte, maman de deux chatons. Les deux figures de proue de cette révolution sont deux femelles. Et ça en 2020, je trouve que c’est très bien placé. Aidée de César le Lapin et du Rat, miss Bengalore mène sa petite révolution, en éveillant discrètement les consciences de ses camarades d’infortune. Le Rat est littéralement la voix de la sagesse. Cela fait un peu cliché, mais c’est rapidement pardonné car il représente le petit grain de sable qui vient gâcher le plat du président. J’ai adoré son intervention dans la grange, et son discours sur la vérité. Il a une manière imagée de présenter les choses qui est très intéressante et très percutante. C’est un personnage très intéressant.

C’est d’ailleurs là, l’une des forces supplémentaires de cette histoire. Les personnages sont extrêmement convaincants. Chacun exploite des traits caractéristiques de l’animal qu’ils sont, mais en parallèle, ils représentent également chacun une personnalité littéraire distincte. Le Rat est un vieux sage, miss B. est une chatte préoccupée par sa famille, Marguerite est une vieille oie qui n’a plus rien à perdre, plus de famille ni de bien, Ruck est le personnage secondaire toujours là en cas de besoin, et César est le meilleur ami que tout le monde voudrait avoir. Ces figures sont stéréotypées, mais malgré cela, cette histoire fonctionne vraiment car elle prend le lecteur par les sentiments. 


En conclusion

Ce premier tome est une réussite. Les illustrations sont criantes de vérité et parlent parfois plus que les mots. Les émotions sont fortes, on passe sans transition par de l’indignation, de la peur, de la révolte, un sentiment d’injustice, puis par de l’espoir, et enfin une sensation de satisfaction et de détermination. Je ne peux que vous conseiller cette bande dessinée. Moi en tout cas, j’ai hâte de lire le deuxième tome !
 
 
 Le château des animaux :
T1 : Miss Bengalore
T2 : Les Marguerites de l'hiver
T3 : La Nuit des justes
T4 : Le Sang du roi
 

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