Editions : Gallimard, 568 pages, 18 août 2016,Résumé : Londres. Avril 1812... Lady Helen Wrexhall s'apprête à faire son entrée dans le monde. Bientôt, elle sera prise dans le tourbillon des bals avec l'espoir de faire un beau mariage. Mais une bonne de la maison disparait, des meurtres sanglants sont commis et Helen fait la connaissance de Lors Carlston, un homme à la réputation sulfureuse. Il appartient au Club des mauvais jours, une police secrète chargée de combattre des démons qui ont infiltré toutes les couches de la société. Lady Helen est dotée d'étranges pouvoirs, mais acceptera-t-elle de renoncer à une vie faite de privilèges et d'insouciance pour basculer dans un monde terrifiant ?
Mon avis
Trois choses m'ont poussée à commencer cette saga : le côté fantasy bien sûr, l'époque de la régence que j'affectionne particulièrement, et la couverture dont vous ne manquerez pas de remarquer la beauté. Les belles couvertures m'ont toujours attirée, et c'est souvent un critère qui me pousse à me procurer le livre. Il m'arrive souvent d'être déçue, je dois le dire. Mais pas cette fois. Le T1 de Lady Helen est une excellente introduction de l'univers d'Alison Goodman.
Premièrement, le contexte. La régence anglaise ne brille pas par son égalité homme/femme, loin de là. La gente féminine est définie comme le sexe faible, c'est un principe ancré et personne n'en démord. Dans cette société purement patriarcale, Lady Helen découvre qu'elle est une vigilante, un être investi de pouvoirs exceptionnels, qu'elle doit mettre au service de la couronne pour combattre le mal. Elle que l'on a toujours élevée pour ne devenir rien d'autre qu'une épouse et une maitresse de maison, là voilà face à une toute autre réalité. Réalité qu'elle doit cacher, car les vigilants doivent agir dans l'ombre. Toute la question est là. Peut-elle mener ses deux vies de concert ou va-t-elle devoir renoncer à l'une d'entre elles ?
Bien évidemment, on retrouve les codes propres à la fantasy : une héroïne orpheline qui ne connait rien de son passé, de ses pouvoirs, du monde magique qui se juxtapose au notre dans l'ombre... tout le tome 1 consiste donc à un introduire l'univers, comme cela se fait dans toute bonne saga de fantasy. Là où les sagas se différencient c'est en général sur la toile de fond, lorsqu'à la mission de sauver le monde s'ajoute des questions plus profondes. Ici Lady Helen, considérée comme faible, hystérique, guidée par ses émotions parce qu'elle est une femme, se trouve dotée de pouvoirs qui dépassent l'imagination. Là voilà qui doit se battre contre un patriarcat qui ne comprend pas qu'une femme puisse posséder autant de capacités. Se battre contre la misogynie, voilà une autre de ses missions. Et parlons de Lord Carlston, son mentor, de quelques années son aîné et qui bien évidemment, ne manquera pas d'attirer l'attention et le cœur de la jeune femme. On sent la romance bâteau arriver et pourtant, elle est légère et très bien écrite et ne prend pas le pas sur l'histoire. Lord Carlston est un personnage ambigüe. Froid, distant, il n'est pas aisé de l'apprécier. Mais il y a bien plus derrière cette carapace. Et ce sont les moments où il se laisse aller qui sont les plus parlants et les plus intéressants. On découvre le personnage par petites touches, au fur et à mesure de ses moments de faiblesse. C'est captivant.
Enfin, il me faut parler des abuseurs, les grands "méchants" de l'histoire. Êtres démoniaques, cachés au milieu des humains, ils se repaissent de l'énergie humaine. Il existe quatre race d'abuseurs, chacune d'entre elle puisant l'énergie par un canevas différent (la cruauté, l'art, la luxure et la peur). Certains se contentent de piocher un peu d'énergie de-ci de-là, laissant une vague impression de fatigue à leur victime, lorsque d'autres les drainent jusqu'à la mort. Ce sont ceux-là que combat le Club des mauvais jours. Pourquoi ne combat-il pas tous les abuseurs ? Parce que ces derniers sont au nombre de plusieurs dizaines de milliers rien qu'en Angleterre, alors que les vigilants se comptent sur les doigts. La tâche n'est donc pas l'une des plus simples. Ces nouvelles créatures sont très intéressantes car là encore, toutes ne se valent pas. Certains abuseurs sont plus dangereux que d'autres. Du fait de ressembler aux humains, ils peuvent se fondre dans la foule, ce qui les rend plus difficile à débusquer. Certains auront d'ailleurs atteint une position politique confortable, les rendant pratiquement intouchables. On va donc plus loin que la simple chasse aux monstres dans cette histoire.
En conclusion
Ce premier tome est l'un de mes coups de cœur 2021. Aussi bien l'intrigue que le contexte sont assez originaux pour se démarquer aujourd'hui. L'autrice a créé son propre univers et l'a intégré dans une période historique bien réelle. Elle a fait de nombreuses recherches pour rendre justice à l'époque de la régence anglaise et cela se ressent tant au niveau du vocabulaire que des événements historiques cités. J'ai hâte de terminer le tome 2 que je lis actuellement et qui semble aussi passionnant que ce premier livre.
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