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dimanche 23 mai 2021

Hematite T1 : Sérénade de Frederico Piatti et Victoria Maderna


Editions : Dargaud, 23 avril 2021, 72 pages
Résumé : Dans un monde de démons, Hématite est une petite vampire sombre et un peu rebelle. Descendante de l'illustre famille des Blackwood elle est, au grand dam de ses parents, en conflit avec sa condition de vampire, préférant au sang chaud des soupes de légumes ! Et plutôt que d'être scolarisée à l'Académie Diaemus avec ses congénères, elle a opté pour l'expérience de la mixité à la Wolven school. Mais bon, être différent et avoir du tempérament n'aide pas toujours à se faire des amis... Heureusement il y a Drunela, la poésie... Et Émile ! Un jeune humain passionné par les sciences occultes dont Hématite est secrètement amoureuse. Malheureusement, faire le pont entre les mondes n'est pas des plus facile...
 
Je remercie les éditions Dargaud et le site Babelio.fr pour l'envoi ! 
 
Mon avis
 
 Parlons d'abord de l'objet en lui-même. J'adore l'illustration de la couverture. Hematite est dans les airs au centre de la page, ses vêtements violets dénotant sérieusement sur le fond bleu de la nuit. Elle attire l'oeil au premier regard. Et la texture... la couverture est légèrement rugueuse, juste assez pour être agréable au toucher. C'est un plaisir de tenir ce livre en main. 

Quant à l'histoire, je ne sais jamais trop à quoi m'attendre lorsque je lis une bande dessinée. Le format et le nombre de pages font que l'histoire est toujours assez courte. De plus, le T1 sert souvent d'introduction, l'intrigue est donc en général écourtée au profit de la mise en place de l'univers et du contexte de l'histoire, ce qui est normal. Le premier tome d'Hématite s'en sort avec brio. Il présente les personnages principaux avec intelligence et met rapidement en place l'histoire, laissant la porte grande ouverte pour les tomes suivants. Sur 72 pages, il fallait être concis, et le pari est réussi par ses auteurs. L'intrigue est pertinente, chaque événement complète le précédent et le suivant. J'ai beaucoup apprécié le personnage d'Hématite justement. Cette jeune vampire n'entend pas suivre le chemin tout tracé par sa famille. Boire uniquement du sang ? Étudier dans une école élitiste et réservée à ceux de son espèce ? Ne se soucier que des apparences et de la noblesse de son nom ? Pour Hématite, tout ça est hors de question. Elle mange de la soupe, étudie dans une école public aux côtés d'humains et d'autres espèces surnaturelles, et elle entend bien faire ce qu'elle veut de sa vie, quitte à bafouer le nom de ses parents. Voilà une vampirette rebelle. Ce que j'aime chez elle, c'est également ce côté mélancolique. Oui, elle assume son côté rebelle, mais elle en souffre tout de même. Ce n'est pas facile d'être soi-même lorsque votre entourage ne vous comprend pas et ne vous soutient pas. Heureusement, elle a ses amies, et ça change tout !

Le côté moins à mon goût ce sont les illustrations. Pour le coup, c'est purement personnel. Je n'aime pas des masses ce style que je trouve trop "dessiné". C'est assez compliqué à expliquer. Les ombres sont faites de hachures, les arrières plans souvent peu détaillés... c'est un style que je n'affectionne pas. Par contre, les dessins sont suffisamment travaillés pour que le lecteur ou la lectrice comprenne ce qu'il se passe. On lit avec facilité les mouvements et les regards des personnages sont précis. En terme de compréhension, il n'y a aucun problème.


En conclusion

J'ai vraiment aimé l'histoire d'Hématite. Le contexte est introduit avec intelligence tout comme les personnages, et l'intrigue se met vite en place. Si le style des illustrations ne me plait pas, il faut tout de même souligner qu'elles sont très bien travaillées et permettent aux lecteurs de comprendre facilement tout ce qu'il se passe. Je lirai le tome 2 avec plaisir !

 

jeudi 13 mai 2021

Lady Helen T1 - Le Club des Mauvais Jours d'Alison Goodman



Editions : Gallimard, 568 pages, 18 août 2016,
Résumé : Londres. Avril 1812... Lady Helen Wrexhall s'apprête à faire son entrée dans le monde. Bientôt, elle sera prise dans le tourbillon des bals avec l'espoir de faire un beau mariage. Mais une bonne de la maison disparait, des meurtres sanglants sont commis et Helen fait la connaissance de Lors Carlston, un homme à la réputation sulfureuse. Il appartient au Club des mauvais jours, une police secrète chargée de combattre des démons qui ont infiltré toutes les couches de la société. Lady Helen est dotée d'étranges pouvoirs, mais acceptera-t-elle de renoncer à une vie faite de privilèges et d'insouciance pour basculer dans un monde terrifiant ?

Mon avis

Trois choses m'ont poussée à commencer cette saga : le côté fantasy bien sûr, l'époque de la régence que j'affectionne particulièrement, et la couverture dont vous ne manquerez pas de remarquer la beauté. Les belles couvertures m'ont toujours attirée, et c'est souvent un critère qui me pousse à me procurer le livre. Il m'arrive souvent d'être déçue, je dois le dire. Mais pas cette fois. Le T1 de Lady Helen est une excellente introduction de l'univers d'Alison Goodman.

Premièrement, le contexte. La régence anglaise ne brille pas par son égalité homme/femme, loin de là. La gente féminine est définie comme le sexe faible, c'est un principe ancré et personne n'en démord. Dans cette société purement patriarcale, Lady Helen découvre qu'elle est une vigilante, un être investi de pouvoirs exceptionnels, qu'elle doit mettre au service de la couronne pour combattre le mal. Elle que l'on a toujours élevée pour ne devenir rien d'autre qu'une épouse et une maitresse de maison, là voilà face à une toute autre réalité. Réalité qu'elle doit cacher, car les vigilants doivent agir dans l'ombre. Toute la question est là. Peut-elle mener ses deux vies de concert ou va-t-elle devoir renoncer à l'une d'entre elles ?
 
Bien évidemment, on retrouve les codes propres à la fantasy : une héroïne orpheline qui ne connait rien de son passé, de ses pouvoirs, du monde magique qui se juxtapose au notre dans l'ombre... tout le tome 1 consiste donc à un introduire l'univers, comme cela se fait dans toute bonne saga de fantasy. Là où les sagas se différencient c'est en général sur la toile de fond, lorsqu'à la mission de sauver le monde s'ajoute des questions plus profondes. Ici Lady Helen, considérée comme faible, hystérique, guidée par ses émotions parce qu'elle est une femme, se trouve dotée de pouvoirs qui dépassent l'imagination. Là voilà qui doit se battre contre un patriarcat qui ne comprend pas qu'une femme puisse posséder autant de capacités. Se battre contre la misogynie, voilà une autre de ses missions. Et parlons de Lord Carlston, son mentor, de quelques années son aîné et qui bien évidemment, ne manquera pas d'attirer l'attention et le cœur de la jeune femme. On sent la romance bâteau arriver et pourtant, elle est légère et très bien écrite et ne prend pas le pas sur l'histoire. Lord Carlston est un personnage ambigüe. Froid, distant, il n'est pas aisé de l'apprécier. Mais il y a bien plus derrière cette carapace. Et ce sont les moments où il se laisse aller qui sont les plus parlants et les plus intéressants. On découvre le personnage par petites touches, au fur et à mesure de ses moments de faiblesse. C'est captivant. 

Enfin, il me faut parler des abuseurs, les grands "méchants" de l'histoire. Êtres démoniaques, cachés au milieu des humains, ils se repaissent de l'énergie humaine. Il existe quatre race d'abuseurs, chacune d'entre elle puisant l'énergie par un canevas différent (la cruauté, l'art, la luxure et la peur). Certains se contentent de piocher un peu d'énergie de-ci de-là, laissant une vague impression de fatigue à leur victime, lorsque d'autres les drainent jusqu'à la mort. Ce sont ceux-là que combat le Club des mauvais jours. Pourquoi ne combat-il pas tous les abuseurs ? Parce que ces derniers sont au nombre de plusieurs dizaines de milliers rien qu'en Angleterre, alors que les vigilants se comptent sur les doigts. La tâche n'est donc pas l'une des plus simples. Ces nouvelles créatures sont très intéressantes car là encore, toutes ne se valent pas. Certains abuseurs sont plus dangereux que d'autres. Du fait de ressembler aux humains, ils peuvent se fondre dans la foule, ce qui les rend plus difficile à débusquer. Certains auront d'ailleurs atteint une position politique confortable, les rendant pratiquement intouchables. On va donc plus loin que la simple chasse aux monstres dans cette histoire.  


En conclusion

Ce premier tome est l'un de mes coups de cœur 2021. Aussi bien l'intrigue que le contexte sont assez originaux pour se démarquer aujourd'hui. L'autrice a créé son propre univers et l'a intégré dans une période historique bien réelle. Elle a fait de nombreuses recherches pour rendre justice à l'époque de la régence anglaise et cela se ressent tant au niveau du vocabulaire que des événements historiques cités. J'ai hâte de terminer le tome 2 que je lis actuellement et qui semble aussi passionnant que ce premier livre.