L'Automne des magiciens T2 - La Reine noire de Hélène P. Mérelle

 

Éditions : France loisirs,  725 pages, 8,90€, décembre 2020
Résumé : Octavianne se retrouve reine d'Elgem malgré elle, un destin qu'elle n'a jamais voulu. Et cette succession ne va pas sans heurt.  Bien des défis l'attendent, en dépit de la méfiance ou de la condescendance de ses conseillers qui ne voient en elle qu'une gamine inexpérimentée.
Et comment apaiser son compagnon Adalgis qui considère le palais royal comme une cage dorée ? D'autant plus qu'un rival inattendu se révèle : Maurin, le capitaine de la garde, qu'Octavianne a aimé autrefois et qu'elle croyait mort. La jalousie de l'homme-lion est féroce, tandis que Maurin de son côté, lui rend bien son hostilité, ne voyant en Adalgis qu'un animal. Entre ces deux êtres que tout oppose, la nouvelle reine aura-t-elle encore la liberté de choisir ?
 
Mon avis
 
 Nous retrouvons Octavianne au palais de la cité d'Elgem, désormais reine de son royaume. Nullement intéressée par ses nouvelles responsabilités, la jeune souveraine n'a qu'une idée en tête : sauver Adalgis d'une mort certaine. L'homme-lion a été grièvement blessé à la fin du premier tome. La magie de la reine est puissante, mais pas assez pour le soigner correctement. Octavianne se concentre donc uniquement sur l'apprentissage de nouvelles techniques de guérisseuse, afin de sauver celui qu'elle aime. 
La différence entre les deux romans est incroyable. Dans le premier, l'héroïne était une vagabonde, toujours en fuite, guettant le moindre mouvement derrière elle. Elle avait pour unique but l'apprentissage et le contrôle de sa magie. Dans ce deuxième livre, c'est complètement différent. Octavianne est désormais reine et doit apprendre à administrer un royaume. Les enjeux ne sont plus du tout les mêmes. C'est très intéressant.
 
Le tome 2 débute au moment où Octavianne, désormais reine, se concentre sur la guérison d'Adalgis. La première partie est principalement centrée sur leur relation. Une fois l'hybride réveillé, il nous faut subir d'interminables disputes mêlant à la fois jalousie, paranoïa et agressivité. J'ai trouvé cela lourd à lire. Je regrettais déjà dans la dernière partie du T1 cette relation toxique entre ces deux personnages, et les longueurs narratives qui en résultaient. De ce fait, l'intrigue n'avance pas des masses. Plusieurs attentats sont perpétrés à l'encontre de la reine, elle qui est jeune, amoureuse d'un hybride, et en plein apprentissage. Sa fougue et son impétuosité font peur aux anciens, et son manque de respect envers la Lune fait craindre le pire au clergé. On sent la tension entre la reine et ses conseillers, ils sont constamment dans la confrontation. Malheureusement, la relation Adalgis/Octavianne prend beaucoup trop d'ampleur et vient saper l'histoire des attentats sur toute la première partie. De plus, moi qui appréciais beaucoup l'héroïne dans le premier livre, je l'ai profondément haïe dans ce second tome. Devenue reine contre sa volonté, c'est un personnage qui fuit ses responsabilités, qui profane et blasphème puis qui prie la Lune lorsqu'elle a besoin d'aide, et qui ne s'intéresse qu'à ses amours. Je conçois que le poste n'a rien d'une partie de plaisir, mais son comportement tient plus de celui d'une adolescente que d'une reine.
 
Heureusement, la seconde partie du tome a vraiment suscité mon intérêt. La romance est toujours bien présente, mais cette fois-ci on se concentre plus sur la relation Octavianne/Maurin. Et cela prend un tour plus politique que précédemment. Maurin enquête sur les attentats, nous rentrons enfin dans le vif du sujet grâce à lui. La politique des Neuf-Cités semble bien huilée. L'autrice sait de quoi elle parle et les divers conseils ainsi que le concile des souverains sont très intéressants à découvrir. Tout est mis sur la table : les différentes alliances politiques et matrimoniales, les commerces entre royaumes, la loi d'abolition de l'esclavage... Ce sont des chapitres extrêmement intéressants, qui nous permettent à nous, lecteurs, de découvrir plus spécifiquement cet univers extraordinaire. 
Deuxième point positif : le personnage de Maurin. C'est homme est bien plus ambigüe qu'Adalgis, plus profond et plus complexe. Là où Adalgis n'était qu'une tempête d'émotions sauvages, Maurin est un paysage froid et silencieux, où le moindre faux pas vous mène directement au trépas. Totalement dévoué à sa reine, il n'a pourtant rien du prince charmant. Soldat émérite, il cache un côté extrêmement sombre de sa personnalité et garde pour lui des secrets plus que dérangeants. J'apprécie beaucoup ce personnage plus abscons qu'Adalgis ou Octavianne. 
Pour finir, il faut aussi parler de la raison pour laquelle ce deuxième tome a pour titre La Reine noire. Dans ce second roman, alors qu'elle est au bord du désespoir, Octavianne lance un sortilège de nécromancie puissant et très dangereux qui aura d'importantes répercussions sur elle et son royaume. J'ai trouvé cette partie absolument fantastique. Je ne me serais jamais attendue à ce que l'autrice nous a proposé là. Ce sortilège est lancé à la suite d'un événement tragique auquel du reste, je ne m'attendais pas non plus. Tout ce qui englobe cette partie de l'intrigue est pour moi une première. Et j'ai trouvé cela à la fois bien pensé et bien exécuté. J'ai hâte de voir ce que le tome 3 nous réserve de ce côté-là ! 
 
 
En conclusion
 
L'Automne des magiciens est une saga que j'apprécie pour son univers, sa politique, ses créatures magiques et sa conception de la magie.  L'autrice a pensé et travaillé son monde imaginaire de bout en bout et on le ressent très vite. Le bémol, c'est toujours cette romance entre la reine et les personnages masculins, qui prend souvent le pas sur l'intrigue. Si on ne prend pas en compte ces relations amoureuses, on a une intrigue vraiment très intéressante.

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