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mercredi 11 novembre 2020

Les Haut-Conteurs T0 : Origines de Patrick McSpare et Oliver Peru


 
 
Editions : ScriNeo, 16,90€, 12 octobre 2017, 304 pages
Résumé : 1178. Mathilde a seize ans et son apprentissage de Haut-Conteuse s'achève. Elle est alors confrontée à un premier drame : deux Haut-Conteurs ont été assassinés par l'un des leurs.
La jeune femme et son professeur, Corwyn le Flamboyant, sont bien résolus à arrêter l'assassin. Mais le témoignage d'un pèlerin les envoie bientôt jusqu'à Bagdad où dormiraient les secrets du Livre des Peurs, un ouvrage mystique, et de l'Ordre Pourpre, la caste des Haut-Conteurs.
Entre oasis hantée et ziggourat spectrale, cette quête se révèle plus dangereuse que prévu. Mathilde saura-t-elle entendre l'incroyable vérité ?
Son destin de Haut-Conteuse est en marche... 
 
Mon avis
 
J'ai beaucoup aimé la saga des Haut-Conteurs mais je n'ai pas accroché à la fin proposée. Je me suis alors tournée vers la préquelle, espérant terminer définitivement cette saga sur une meilleure note. Le Songe maudit a joué son rôle, il répond à de nombreuses questions, met en lumière certains personnages délaissés par la saga principale et surtout, achève cette saga avec un petit twist qui fera sourire ou souffler d'indignation les lecteurs.

L'intrigue est dans la pure lignée de celles des cinq opus précédents. Dark, glauque, mystérieuse et qui ne fait pas dans la dentelle. Nos héros sont toujours à la recherche des pages perdues du Livre des Peurs. Mais les voilà pris au piège dans une guerre entre un dieu et un sorcier, avec laquelle ils n'ont absolument rien à voir.  Mathilde est véritablement au cœur de l'intrigue, Mots Dorés sur les talons. Dommage que Corwyn ait été mis de côté mais d'un autre côté, c'est l'histoire de Mathilde, il fallait donc qu'elle soit au centre.

Mais l'élément principal de cette préquelle c'est bien le développement de certains personnages : à commencer par la formation de Mathilde. Dans la saga initiale, c'est elle qui instruit Roland Cœur de Lion et qui le mène sur la voie des Haut-Conteurs. Ici, nous la découvrons adolescente à peine âgée de 16 ans, désireuse de terminer sa formation et d'en apprendre plus sur le monde. Mathilde n'a rien d'une jeune fille calme et patiente. Au contraire, elle s'instruit et se bat avec toute la fougue de la jeunesse. C'est à se demander comment elle a fait pour obtenir son nom définitif : Mathilde la Patiente. J'ai beaucoup aimé tout ce mystère autour de son nom de conteuse. Mais je suis restée sur ma faim. Au final, la raison pour laquelle Corwyn la nomme ainsi n'a rien d'extraordinaire. C'en est presque décevant. 

Ensuite, nous avons Lothar Mots Dorés, l'un des principaux grands méchants dans la première saga. Nous le rencontrons pour la première fois aux côtés de William le Ténébreux en tant qu'apprenti. C'est assez déstabilisant, mais heureusement, il débute sa carrière de meurtrier obsessionnel dès les premiers chapitres. Nous retrouvons bien vite notre bon vieux méchant à la barbe blanche et noire. On apprend d'ailleurs la raison pour laquelle sa barbe en est arrivée à blanchir et c'est très intéressant. On découvre aussi d'où vient cette animosité que Mathilde et lui se vouent mutuellement dans la saga originale. Et ça, c'est de l'or. C'est exactement ce que veulent les lecteurs. 
 
Enfin, je parlerai de Salim. Je regrettais qu'il ne soit pas assez mis en avant dans la première saga. Dans le dernier tome, nous apprenions comment il avait perdu sa langue et pourquoi il était passé de Salim le Facétieux à Salim l'Insondable. Eh bien dans cette préquelle, nous avons la possibilité de voir Salim sous un jour totalement différent. Il n'a littéralement rien à voir avec le personnage renfermé que nous connaissons bien. C'est un élément qui ne peut que ravir les fans de la saga et du personnage, car Salim le Facétieux est un personnage extrêmement joyeux, attachant, et chaleureux et il nous le montre bien.

En conclusion

Je dirais que c'est une bonne préquelle. Je conseille vraiment de la lire après la saga mère. Il me semble qu'elle perdrait de son intérêt si elle était lue en tant qu'introduction.  Elle a permis d'adoucir cette amertume que m'avait laissé le tome 5, dont je n'avais pas du tout apprécié la fin.

jeudi 5 novembre 2020

Les Misérables T1 : Fantine de Maxe L'Hermenier, Parada, Looky et Siamh


Editions : France loisirs, 2020, 72 pages, 11, 14,95€
Résumé : Après dix-neuf ans de bagne, Jean Valjean est enfin libre. Considéré comme un homme dangereux, il trouve sa rédemption auprès de Monseigneur Myriel, qui lui donne une chance de se racheter. Dès lors, il décide de se vouer au bien et d'aider les miséreux. Le temps passe et, le forçat Jean Valjean devient monsieur Madeleine.
Son destin rencontrera celui de Fantine, jeune mère célibataire qui, par amour pour sa fille Cosette laissée en pension chez les cruels Thénardier, tombera dans la misère et la déchéance. Mais Jean Valjean croisera aussi la route de l'inspecteur Javert, qui le confrontera à sa véritable identité.
 
Mon avis 
 
Je remercie les éditions FranceLoisirs pour ce partenariat dans le cadre des Top lecteurs 2020 !

Je n'ai jamais été une grande adepte de l’œuvre de Victor Hugo. J’ai donc vu dans cette bande dessinée l’opportunité parfaite pour en découvrir une petite partie. Je ne saurais dire si elle respecte complètement ou partiellement l’œuvre originale, mais pour une néophyte comme moi, elle remplie parfaitement le contrat.

L’histoire est scindée en deux parties bien distinctes. Fantine et Jean Valjean sont  deux personnages certes différents : lui est un ex-bagnard, bourru, solitaire et sans le sou ; elle, est une jeune femme bafouée, déshonorée et condamnée à se sacrifier pour le bien de sa petite fille. Qu’ont-ils en commun ? Eh bien… une vie de misère. Comment vont-ils être amenés à se rencontrer ? Par un curieux hasard, il faut le dire. Au final, ces deux intrigues se rejoignent et s’imbriquent pour n’en faire plus qu’une. C’est typiquement le genre de structure littéraire que j’affectionne.

Il faut également signaler que le titre Les Misérables est tout à fait adéquat. Je pense que personne aujourd’hui, en tout cas en France, ne peut ni comprendre ni accepter les conditions de vie de la jeune Fantine et de sa petite fille Cosette. Qui peut encore penser qu’une femme ayant un enfant hors mariage doit être condamnée à une vie de misère comme celle de Fantine ? C’est révoltant de penser qu’à une certaine époque, pas si lointaine, la société agissait encore ainsi. D’un autre côté, la situation de Jean Valjean fait échos aux jours actuels. Il est évident que pour quelqu’un qui a fait de la prison, se reconstruire est aujourd’hui encore difficile. Là où le bât blesse, c’est la raison originelle pour laquelle Jean Valjean a été condamné. Le vol d’un morceau de pain vaut-il réellement les dix-neuf années qu’a passé ce pauvre homme en prison ? Au-delà du caractère misérable de la vie de ces deux personnages, ce que ressent surtout le lecteur, c’est l’injustice dont ils sont victimes. Gâcher des vies pour si peu… qui peut le comprendre ? Qui peut l’accepter ? La BD retranscrit parfaitement ces sentiments. L’atmosphère de misère, la tension et la pression qu’incarne le personnage de Javert, l’injustice que vit Fantine, et la pitié qu’inspire Cosette… la force de cette BD, c’est la force avec laquelle elle est capable de toucher et de frapper le lecteur.

S’ajoute à cela des illustrations et une colorisation d’une grande qualité. Le dessin est clair, précis et détaillé. Les éléments du premier plan parlent d’eux-mêmes. Mais c’est surtout le fond et la qualité de ses traits et de ses détails qui immergent vraiment le lecteur dans l’histoire. Quant à la couleur, elle donne littéralement vie au dessin. Souvent, l’illustration touchera plus durement le lecteur que les mots.

C’est donc un premier tome qui remplie parfaitement sa mission. Il m’a permis de découvrir la première partie de cette histoire intemporelle qu’est Les Misérables. Et surtout, il m’a donné envie de lire la suite. J’ai hâte de me plonger dans les planches du prochain tome.

mercredi 4 novembre 2020

Les Outrepasseurs T4 : Ferenusia de Cindy Van Wilder



Edition :  Gulf Stream Editeur, 18€, 2017, 394p
Résumé : Privé de la magie presque disparue, l'empire des Outrepasseurs se disloque de toutes parts. Seuls survivants dans cette débâcle, les Ferreux, des fés réduits à l'esclavage s'échappent de leurs prisons. Soutenus par Ferenusia, un réseau clandestin, ils n'ont qu'un seul objectif : obtenir les mêmes droits que les humains, dans un monde qui ignore tout de leur existence. Mais leurs anciens maîtres sont prêts à tout pour protéger leurs secrets, quitte à éliminer le moindre témoin de leurs forfaits passés...
 
Mon avis

Quatrième et dernier tome, Ferenusia apparait un peu comme le bonus que personne n'osait attendre. J'ai mis un petit moment avant de me le procurer, pensant tout bêtement qu'il s'agissait d'un spin-off qui n'aurait pas grand chose à voir avec l'histoire principale. Je ne pouvais pas être plus dans l'erreur. 

Les héros de cette histoire, ce sont les Ferreux, ces êtres à la peau grise, apparus plus ou moins au moment de la Révolution Industrielle. Nous n'en savons pas grand chose, si ce n'est qu'ils ont été réduits en esclavage par les Outrepasseurs pendants des années. Et maintenant que l'empire des Outrepasseurs se disloque, c'est l'occasion parfaite pour eux de détruire leurs chaines et de se construire une vie enfin libre. Mais vivre dans l'ombre n'est pas à l'ordre du jour. Après une vie d'esclavage, les Ferreux veulent être reconnus pour ce qu'ils sont, et avoir les mêmes droits que tout le monde. Mais alors, comment vont réagir les êtres humains face à cette nouvelle espèce sortie de nulle part ? Les sociétés les plus puissantes les accepteront-elles comme ils le souhaitent ? Comme pour chaque moment clé de l'histoire de l'humanité, cette dernière se divise en deux, ceux qui battent en retraite face à la nouveauté, et ceux qui la défendent. Pour moi, ce quatrième tome est une ode à la tolérance, à l'acceptation des différences et à la solidarité. Sujet toujours d'actualité aujourd'hui, car si nous ne nous battons pas pour l'intégration de créatures fantastiques, il n'empêche que nous sommes encore loin du modèle parfait de tolérance. Lire des romans comme cela remonte le moral et redonne foi, d'une certaine manière.

Mais Cindy Van Wilder ne s'arrête pas là ! Là où ce roman m'a complètement séduite, c'est dans sa manière d'aborder les questions de l'identité de genre et de sexualité. Elle ne met pas le projecteur sur les personnages homosexuels, ou sur S., personnage non binaire. Tout est très naturel. Il n'y a aucune intolérance vis à vis de cela, personne n'y fait attention. L'homosexualité, les personnes qui ne se définissent ni comme homme, ni comme femme, tout cela fait partie du quotidien des personnages. On ne se pose pas de question, et surtout, on ne remet pas en question ! Dans le monde des Outrepasseurs, les débats de ce type n'existent pas, ou plus, car tout le monde vit avec. C'est rafraichissant, émouvant. Je rêverais de vivre dans un monde où la différence est finalement entrée dans une sorte de normalité. Dans un monde où je ne m'étonne pas de lire un roman qui ne met pas de coup de projecteur sur les questions de genre et de sexualité, mais qui les intègre à son histoire de manière tout à fait banale.

Enfin pour ceux et celles qui comme moi se sont posés la question, les personnages principaux des précédents opus font bel et bien partie de ce quatrième tome. Peter et Arnaut, Shirley, Felix et les autres Outrepasseurs ne sont pas en reste. Si certains luttent pour préserver ce qui a toujours été, d'autres se battent pour faire changer et avancer les choses. La fin du tome trois n'était pas figée comme je l'aurais cru. J'ai adoré ce tome quatre et je le conseille à tous ceux et celles qui auraient terminé la trilogie et qui hésiteraient encore à se plonger dans les pages de ce dernier roman.