Le Tournoi des ombres de Hervé Jubert
Editions : Le Pré aux clercs
Collection : Pandore
Année de parution : 2013
Nombre de pages : 336
Résumé 4ème de couverture:Georges Beauregard, l'ingénieur-mage, est envoyé à New London en compagnie de Jeanne, son assistante, pour sécuriser la venue d'Obéron III et de l'impératrice Titania. Au terme d'une semaine de festivités, le tunnel sous le Détroit sera inauguré. Beauregard travaillera avec John Dee, le psychomancien de la reine Victoria. Alors que les souverains respectent le programme, le smog s'abat sur la ville. Trois entités insaisissables en profitent pour accomplir un carnage. Mais le véritable ennemi se cache derrière elles. Il s'apprête à frapper l'Empire. Il s'agit d'un enfant. Et il est en colère.
Avant toute chose, je souhaite remercier Livraddict et les éditions Le Pré aux clercs pour ce partenariat. Merci à vous !
Je l'ai trouvé bien meilleur que le premier, même si mon avis reste toujours mitigé. Le bon élément à noter immédiatement, c'est la quasi absence de notes. Dans le premier tome, il y en avait une bonne centaine. Dans celui-ci, vous n'en compterez que trois, pas une de plus. Et tout de suite, cela rend la lecture beaucoup plus fluide, et le moment passé avec cette histoire, ces personnages et les intrigues qui les font vivre, plus agréable ! Un bon point pour l'auteur.
Autre point très intéressant : les personnages. Dans ce deuxième tome, les deux protagonistes sont bien plus exploités qu'ils ne l'étaient dans Magies Secrètes. On en apprend beaucoup sur leurs origines respectives, sur leur façon de vivre et d'appréhender les choses. Ce second livre les a rendu plus humains, plus accessibles. Mais ce que je trouve dommage, c'est cet immense fossé qu'il y a entre les deux ouvrages. Le premier ne nous apprenait que très peu de chose, voire quasiment rien. Alors qu'ici, le lecteur fait face à une masse d'informations très conséquente, comme s'il s'agissait de rattraper le manque dont a fait preuve Magies Secrètes à ce niveau-là. De nombreux flous restent encore à éclaircir sur Beauregard et Jeanne, et j'espère que le tome 3 apportera son lot de réponses.
Concernant les intrigues, si nous trouvions celle du premier tome plutôt sous développée, le second livre a su rebondir. Peut-être même un peu trop. Petit résumé : il y a l'histoire de cet enfant en colère, qui envoie trois soeurs massacrer des innocents dans toute la ville. En parallèle, la venue d'Obéron III (celui qui a déclaré la guerre au Feys) dans un pays où créatures magiques et êtres humains ont appris à vivre en harmonie, suscite forcément l'animosité de certains. Sa protection est donc également en jeu, ce qui posera de nombreux problèmes. Ajouté à cela Jeanne et Beauregard, qui ont trouvé en Albion un pays qui avait à leur offrir ce qu'ils désiraient par dessus tout : leur identité et leur histoire. Travaillant de concert à la protection de l'empereur, chacun va oeuvrer de son côté pour en découvrir plus sur leurs origines respectives. Toutes ces intrigues, bien qu'intimement mêlées, apportent un lot d'actions et de découvertes en très grand nombre. Le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer car les péripéties s'enchaînent et les révélations abondent. Heureusement, la plume de l'auteur est fluide et permet de s'y retrouver simplement. Mais la profusion des nouveaux personnages peut tout de même être un frein à la lecture. Certains passages gagneraient à être relus, afin d'assimiler toutes les informations, sans risquer d'en perdre une seule miette.
Malgré cela, j'ai trouvé la fin de ce second tome très expédiée. Des questions concernant la vie intime des personnages, mais également les intrigues principales du livre, sont restées sans réponse. Et pourtant, l'auteur prend le temps de tout amener. Sur 300 pages, il permettra au lecteur de découvrir Albion, cette ville gigantesque où les feys vivent au grand jour. Il introduira de nouveaux personnages, en prenant soin de les décrire amplement, de leur créer une personnalité, une histoire bien à eux, d'en faire de nouvelles figures attachantes ou non, mais en tout cas, très bien travaillées. En parallèle, il propose des intrigues très intéressantes, qui s'entrecroisent et se mêlent les unes aux autres sans perdre le lecteur. Malheureusement, la fin n'est pas à la hauteur de tout cela. L'action qui nous avait tenu en haleine jusque là s'expédie sur les 25 pages restantes. Tout va trop vite, tout est réglé en un claquement de doigt. Beauregard redevient l'être insensible que l'on avait rencontré dans le tome 1. Sa nonchalance, le poussant à ne pas approfondir certains sujets, précipite la fin de l'histoire. Et c'est dommage, car les 300 premières pages du livre tenaient leur promesse. C'est d'autant plus rageant de voir une fin bâclée lorsque l'on a apprécié les 90% de l'histoire... Dommage.
Enfin, je finirai ma chronique sur deux trois petites choses qui méritent d'être relevées. La première est l'univers steampunk, beaucoup plus appuyé dans Le Tournoi des ombres. Sciences et technologies se mêlent avec panache à la magie représentée par les feys et les sorciers. Cet univers tient une grande place dans tout le livre, et surtout, il a une véritable incidence sur les intrigues. Cependant, les descriptions et explications des différentes machines mériteraient quelques fois d'être un peu plus poussées. Je n'aurais pas été contre des croquis. Quoi qu'il en soit, le steampunk est très bien rendu dans cet ouvrage. Autre genre qui revient à plusieurs reprises : le théâtre. Cette forme artistique revient à la fois dans Magies Secrètes et dans Le Tournoi des ombres. De plus, chacun des deux livres possède une scène écrite sous forme de pièce de théâtre. J'ai trouvé cela extrêmement bien amené. Dans le premier tome, la scène est amenée de façon très sarcastique, car elle semble être le meilleur moyen selon le narrateur d'accentuer le côté comique de la situation. Dans le second livre, il s'agit pour l'auteur de retranscrire une émission enregistrée. Cet insertion de l'univers théâtral dans un livre de fantasy permet de casser le rythme de façon intelligente, à condition de ne pas en abuser. Mais Hervé Jubert a très bien dosé cela. C'était intéressant, drôle et vraiment pertinent. Et pour terminer, je parlerai tout de même d'Albion, la ville dans laquelle se déroule toute notre histoire. Là encore, l'auteur semble avoir fait un travail de recherches absolument phénoménal ! De très nombreuses références sont là aussi présentes. Histoire, littérature, science, le Londres du XIXème siècle est magistralement exploité. Des clins d'oeil sont à découvrir à chaque page. Maintenant, j'ai hâte de voir quel travail accomplira Hervé Jubert dans son troisième tome, et surtout, de quelle ville il s'inspirera.
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En conclusion, ce livre était bien meilleur que le premier. Les personnages sont approfondis, les intrigues bien travaillées et intéressantes, et l'univers de l'auteur n'a rien perdu de sa superbe. Seule la fin m'a déçue, car je l'ai trouvée expédiée.